Le "blues du retour" : simple coup de mou ou signal d'alarme ?
La boule au ventre du dimanche soir, multipliée par dix. Le "blues du retour” de vacances est un sentiment si courant qu'il en est devenu banalisé. On le met sur le compte de la nostalgie ou d'un simple manque de motivation. Pourtant, d'un point de vue psychologique, ce que nous ressentons est bien plus qu'une simple "difficulté à reprendre".
Ce n'est pas de la paresse. C'est une réaction psychologique complexe, et il est essentiel de l'écouter
Pourquoi la reprise est-elle si difficile ? La psychologie de la transition
Notre cerveau est une machine à habitudes. Il crée des routines pour économiser de l'énergie. Pendant les vacances, nous créons (souvent sans nous en rendre compte) une nouvelle routine : un rythme de sommeil différent, moins de contraintes, plus d'activités de loisir.
Le retour au travail est une transition brutale. Il ne s'agit pas seulement de revenir à d'anciens horaires, mais de réactiver un "mode" mental complètement différent. Cette bascule demande une énergie considérable, ce qui provoque ce qu'on appelle une fatigue de transition. C'est le premier niveau d'explication : notre cerveau "n'aime pas" les changements de rythme soudains
Quand le "blues" est un symptôme : ce qu'il faut analyser
Parfois, ce malaise est plus profond qu'une simple fatigue de transition. Ce que nous ressentons est un signal d'alerte que notre cerveau nous envoie. La pause des vacances a simplement mis en lumière un déséquilibre qui existait déjà.
Il est utile de "diagnostiquer" la nature de l'anxiété :
1. Le choc de la charge (Le stress de l'avalanche)
L'anxiété est-elle liée aux 500 e-mails non lus, aux projets en attente, à l'impression de "repartir de zéro" ? C'est ce qu'on appelle une surcharge cognitive anticipée. Notre cerveau anticipe l'effort de rattrapage et se met en état de stress avant même d'avoir commencé.
2. L'anxiété de l'environnement (Le stress relationnel)
La boule au ventre est-elle liée au fait de retrouver certaines personnes ? Des tensions au bureau, une ambiance de travail conflictuelle, ou une mauvaise relation managériale peuvent être la source principale de l'angoisse. Le travail lui-même n'est pas le problème, c'est l'environnement social dans lequel il s'exerce.
3. Le signal du désalignement (Le "syndrome du hamac")
Pendant les vacances, nous nous reconnectons à nos valeurs, à nos proches, à ce qui nous fait plaisir. Si le retour au travail provoque un sentiment de dread (une peur profonde, un dégoût), c'est peut-être le signe d'un désalignement plus grave. C'est un symptôme classique de l'épuisement professionnel (burn-out) ou, à l'inverse, du "bore-out" (l'ennui mortel au travail).
Que faire de cette information?
La psychologie du travail ne consiste pas à "effacer" ces sentiments, mais à les comprendre. Si vous ressentez ce "blues du retour", ne vous jugez pas. Observez :
Soyez bienveillant (et stratégique) : N'attaquez pas la "montagne" d'e-mails d'un coup. Triez-les par ordre de priorité. Ne planifiez pas de réunion à fort enjeu le premier jour.
Faites le test des deux semaines : Un "blues" de transition normal se dissipe en quelques jours, le temps que la routine se réinstalle. Si l'anxiété, la fatigue ou le manque de sens persistent après une ou deux semaines, le problème n'est pas le "retour de vacances". Le problème est le travail.
Écrivez ce que vous ressentez : Mettre des mots sur l'anxiété (est-ce la charge ? est-ce la relation ? est-ce le sens ?) est la première étape pour transformer un sentiment confus en un problème concret, et donc en une solution potentielle.
